blog d'une fille un peu tarte qui fait des tourtes

mardi, avril 10, 2007

Die Kinder


Voici reproduit un article de Nathalie VERSIEUX paru dans Libération aujourd'hui et faisant écho à mon post intitulé kkk du 9 mars dernier.

"Christina ne s'attendait pas à une vie pareille lorsque son mari lui a annoncé sa mutation aux environs de Cologne. Le couple, jusqu'alors à l'étroit avec deux enfants dans leur appartement berlinois, rêve d'espace et se penche sur les plans de leur future maison à la campagne. Ce n'est qu'au moment d'inscrire ses filles au jardin d'enfants pour poursuivre ses études que Christina découvre ce qui l'attend : à Olpe, comme presque partout dans l'ouest de l'Allemagne, les enfants en bas âge sont censés passer le plus clair de leur temps près de leur mère.

La Rhénanie du Nord, le plus vaste Land du pays, ne compte que 21 places de crèche pour 1 000 enfants de moins de 3 ans (contre 358 à Berlin) et figure en queue du classement national en la matière. «La directrice m'a regardée de travers, se souvient Christina. Elle m'a bien précisé que les places étaient en priorité pour les mères seules. Mais là où je suis tombée de haut, c'est lorsqu'elle m'a annoncé les horaires d'ouverture : de 9 heures à midi, et de 15 à 16 heures, précisant : "Si vous ne pouvez pas faire autrement que de la ramener l'après-midi."» Christina a dû abandonner ses études...

En Allemagne, des millions de femmes partagent le destin de Christina, obligées de choisir entre travail et famille, montrées du doigt lorsque, comme Karin, elles tentent de concilier les deux. Juriste à Mayence, Karin n'a jamais vraiment cessé de travailler, même après la naissance de ses enfants, âgés de 2 et 4 ans. «Il m'a fallu m'endurcir, avoue-t-elle. Personne ne comprenait que je veuille travailler, alors que mon mari gagne bien sa vie. Ma belle-mère m'en veut toujours d'avoir fait appel à une fille au pair plutôt qu'à ses services. Ici, les enfants doivent rester dans la famille. Les confier à une personne étrangère, c'est proche de la maltraitance !»

Les choses pourtant pourraient changer. Le gouvernement Merkel vient en effet de provoquer un tremblement de terre politique en annonçant vouloir tripler le nombre de places de crèches d'ici à 2013. L'objectif est de proposer un mode de garde à 36 % des enfants de moins de 3 ans. L'Allemagne, de fait, n'a guère le choix. Les régimes de retraite, de chômage et d'assurance maladie menacent de s'effondrer, faute de jeunes : 40 % des femmes diplômées de l'enseignement supérieur âgées de plus de 40 ans n'ont pas d'enfants, pour ne pas avoir à renoncer à leur carrière.

Rattrapée par la démographie, l'Allemagne tente depuis des années de jeter les bases d'une politique familiale. Sans avoir jusqu'à présent vraiment osé rompre avec la conception traditionnelle de la famille qui domine depuis le XIXe siècle : papa travaille, maman s'occupe des enfants... Le dernier gouvernement Kohl instaure l'obligation pour les municipalités d'accueillir les enfants de plus de 3 ans en jardins d'enfants (payants) si les parents le souhaitent. L'effet reste modeste : nombre de jeunes Allemands arrivent toujours en primaire sans jamais avoir quitté leur mère. Le gouvernement Schröder lance le modèle de l'école à temps plein (avec jeux l'après-midi) et mise sur l'argument financier. Les allocations familiales passent à 154 euros par mois et par enfant... La mesure, coûteuse, ne permet pas d'inverser la tendance.

Les choses changent avec l'arrivée au pouvoir de deux femmes à la biographie atypique, Angela Merkel et sa ministre de la Famille, Ursula von der Leyen. La première a grandi en RDA, réputée pour son réseau de crèches d'Etat. La seconde, gynécologue ouest-allemande et mère de sept enfants, semble concilier sans encombre la gestion de sa carrière et de sa vie de famille. La nouvelle politique familiale allemande, révolutionnaire pour le pays, s'inspire en fait de l'exemple scandinave.

L'objectif est de permettre aux jeunes mères de travailler et d'inciter les pères à s'investir davantage dans l'éducation des enfants... Le salaire parental, en vigueur depuis janvier, permet de conserver 65 % du salaire net (plafonné à 1 800 euros par mois) pendant la durée du congé parental, jusqu'à quatorze mois après la naissance d'un enfant si le père et la mère se relaient pour s'occuper de leur rejeton. «Cette mesure n'aura d'effet que si les parents savent ce qu'ils feront de leur enfant après leur congé parental», précise-t-on dans l'entourage de la ministre. D'où la nécessité de développer les modes de garde pour les tout-petits.

Les experts se relaient depuis des semaines à coups d'arguments pour ou contre les modes de garde collective. Les clivages vont bien au-delà des barrières traditionnelles. Les femmes de la CDU volent au secours de leur ministre, tandis que les éléphants du parti multiplient les critiques. «Les parents qui choisissent en conscience de se consacrer à l'éducation de leurs enfants doivent se retrouver dans notre parti», tempête Markus Söder, le secrétaire général de la CSU, l'aile bavaroise et ultraconservatrice de la CDU.

L'opinion pour sa part a choisi : 71 % des Allemands estiment «bon» le développement des crèches publiques, selon un sondage de l'hebdomadaire Der Spiegel. Même si 31 % pensent toujours qu'être séparé de sa mère dans la journée est nuisible au développement du jeune enfant."

Ceux qui n'ont pas de place en crèche et ont du cesser leur travail peuvent donc se consoler en se disant qu'ils oeuvrent pour le bon développement de leurs enfants...

5 Comments:

Blogger JvH said...

Au secours!!
De ce point de vue, la France est vraiment un pays exceptionnel, non seulement par ce qu'elle offre mais surtout parce que les mères qui travaillent ne sont pas considérées de mauvaises mères.

4:54 PM

 
Anonymous Anonyme said...

C'est vrai qu'en France on est mieux servi!! Je trouve que la situation actuelle en Allemagne est vraiment grave et j'espère de tout coeur que tout ça va changer bien vite!

11:48 AM

 
Anonymous Anonyme said...

En France, l'offre d'accueil est assez forte pour les tout-petits. Par contre, les écoles scolarisent de moins en moins d'enfants de 2 ans car ils ne sont pas comptabilisés en cas de fermeture de classe. Dommage ou pas, ça se discute...

8:29 PM

 
Anonymous Anonyme said...

L´occasion pour une énorme bise et un préavis d´apéro de la part d´une très mauvaise mère et de ses deux sous-développés préférés :-)
Valérie ++

6:36 PM

 
Blogger Severine said...

Salut! Merci pour ton message....et j´aime beaucoup ton post! J´avais loupé le "kkk" du mois de Mars. Moi aussi j´ai vraiment été très surprise de la situation quand on a cherché une place en crèche pour Léonie: des listes d´attente d´au moins 2 ans ou alors des places à la journée en super-crèche privée qui coûtaient quand même 680 euros/mois et avec toujours 6 à 12 mois de liste d´attente et je te raconte pas la réaction de ma belle-mère: faire garder Léonie par des "étrangers", on est vraiment rentré dans la case mauvais parents... Mais on a eu beaucoup de chance car le crèche de l´université a ouvert au moment où on cherchait, donc il y a eu 20 places d´un seul coup....

11:44 AM

 

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